30 ans pour déminer la Syrie

Les armes explosives causent des dégâts immenses dans ce pays, tuant et mutilant en masse des civils, déplore l'ONG. Au moins trente ans seront nécessaires pour déminer la Syrie, une fois que prendra fin un conflit d'une «violence inouïe», selon l'organisation Handicap International, spécialisée notamment dans la neutralisation des sous-munitions. «Les démineurs vont devoir faire face à un véritable millefeuille explosif, avec différentes couches d'engins explosifs, au milieu des gravats, qui ne pourront pas être déminés par des machines mais manuellement», souligne Emmanuel Sauvage, coordinateur régional déminage et prévention pour cette ONG basée à Lyon. Travailleur humanitaire depuis plus de vingt ans sur différents théâtres de guerre, il témoigne n'avoir jamais observé un tel niveau de destruction des villes, une telle densité des combats et des bombardements. Des centres urbains et leurs habitants ont été «massivement pris pour cibles», ce qui est totalement contraire aux principes du droit international humanitaire (qui distingue les cibles militaires et les civils), indique-t-il. En Syrie, cinq ans de guerre ont eu pour conséquences 270 000 morts, 1 million de blessés, 7,6 millions de déplacés internes et 5 millions de réfugiés dans les pays limitrophes mais aussi des villes dévastées, truffées de résidus explosifs: obus de mortier, roquettes, sous munitions, grenades… «Sur le long terme, au moment de leur retour dans leurs villes, déplacés et réfugiés seront confrontés aux dangers de ces armes encore actives, ce qui constituera une vraie problématique pour pouvoir envisager la reconstruction», relève Emmanuel Sauvage. Dans cette perspective, Handicap International a démarré des activités de prévention, notamment à Kobané, ville syrienne reprise à Daech au début de l'an dernier par les combattants kurdes, pour permettre aux habitants qui rentrent de reconnaître les armes dangereuses et d'éviter les accidents.