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Vieux de la veille
6 juillet 2017

L’Irlande gouverne sans gouvernement

Après six mois d'impasse, l'Irlande est toujours dans l'attente d'un gouvernement: faute d'avoir trouvé un accord jeudi, unionistes et républicains vont poursuivre les discussions pour former une coalition, un objectif plus incertain que jamais. C'est la énième fois depuis les élections régionales de mars que le Parti unioniste démocrate DUP et le Sinn Féin républicain échouent à trouver un accord dans le temps imparti par le gouvernement central de Londres. Obligés de s'entendre, selon les termes de l'Accord de paix de 1998, les deux anciens ennemis avaient cette fois jusqu'à jeudi 16h00 locales pour y arriver. Las, avant même l'expiration du temps dévolu aux discussions, Edwin Poots, le principal négociateur du DUP, a annoncé qu'il n'y avait "pas eu d'avancée" Quelques heures plus tard, Londres a confirmé que les négociations allaient se poursuivre ce week-end et que le secrétaire d'Etat pour l'Irlande du Nord, James Brokenshire, annoncerait ensuite ses plans pour la suite, lundi au parlement. Si l'impasse se confirme, le ministre aura trois options: prolonger une nouvelles fois les discussions, convoquer de nouvelles élections ou placer la province britannique semi-autonome sous administration directe de Londres pour la première fois depuis dix ans. Désireux d'éviter ce dernier scénario, M. Brokenshire a appelé jeudi les différentes parties à "continuer d'unir leurs efforts pour y arriver". Il est conscient que de nouvelles élections ou une énième prolongation des négociations auraient toutes les chances de s'avérer stériles, sans compter qu'une certaine lassitude s'installe. L'Irlande du Nord, une région toujours hantée par son passé violent, est sans gouvernement depuis la démission en janvier du vice-Premier ministre républicain Martin McGuinness. Décédé depuis, le responsable du Sinn Féin voulait ainsi protester contre la gestion, qu'il jugeait frauduleuse, de subventions aux énergies renouvelables de la Première ministre et cheffe du DUP, Arlene Foster. - Equilibre fragile - Cet épisode avait conduit à des élections anticipées à l'assemblée régionale début mars, qui n'ont pas fait avancer les choses. Avec 28 des 90 sièges, le DUP avait terminé en tête mais cédé du terrain face au Sinn Féin (27 sièges). Depuis, les deux camps campent sur leurs positions en se neutralisant mutuellement. Leur entente est pourtant indispensable puisque l'Accord du Vendredi Saint, qui a mis fin à trente ans de violences interconfessionnelles, stipule que le pouvoir doit obligatoirement être partagé entre unionistes et nationalistes. Ce mode de gouvernance a dû être suspendu à plusieurs reprises par Londres, la dernière fois en 2007. Mais depuis dix ans, une certaine stabilité régnait. Le fragile équilibre a volé en éclat en janvier, et le Sinn Féin pose depuis le retrait d'Arlene Foster comme un préalable à tout début de solution. Côté DUP, il n'en a jamais été question, et encore moins depuis que le parti est conforté par l'alliance nouée lundi avec le gouvernement britannique sur la scène nationale. Ces derniers jours, les républicains ont dès lors surtout insisté sur la reconnaissance de la langue gaélique, pour laquelle ils réclament un statut égal à la langue anglaise. Là non plus, les deux parties n'arrivent pas à dépasser leur désaccord sur une question aussi symbolique que sensible. Downing Street a assuré jeudi que des "pas en avant avaient été faits". Le DUP et le Sinn Féin étaient beaucoup moins optimistes et s'accusaient mutuellement de bloquer toute avancée, laissant augurer d'un nouveau week-end difficile.

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